Saturday 26 March 2016

CELEBRATION DE LA SAINTE CENE

Eglise servante
Avec cette célébration de la sainte cène, nous entrons dans le triduum Pascal, la célébration du mystère de notre salut. Les lectures bibliques de ce Jeudi Saint nous ouvrent à ce mystère pascal et nous invitent à l’action. En nous rappelant le sacrifice de l’Agneau pascal suivi d’un repas de communion entre les fidèles d’Israël, le Livre de l’Exode inscrit dans notre mémoire la figure de l’Agneau qui marque la première libération du péché, la première entrée dans le salut.
Cette mémoire du people d’Israël, nous la retrouvons dans les deux lectures du Nouveau Testament. Saint Paul, en rappelant à l’ordre les chrétiens de Corinthe, leur transmet les paroles mêmes du Seigneur. Ce le Christ qui est en effet l’Agneau pascal qui Se sacrifie.
Notre célébration de ce soir s’inscrit dans cette même logique. Il s’agit bien d’accomplir, de réitérer le repas du Seigneur, pas simplement en nous souvenant de Lui. Mais il s’agit, plus fondamentalement, de le laisser advenir de telle sorte que le souvenir devienne mémoire vive, présence réelle et que nous ne cessions de rendre grâce à Dieu. Ce soir, il est important de comprendre le sens des deux gestes dans notre célébration : la célébration du dernier repas de Jésus avec ses disciples et le Lavement de pieds.
Parlant du dernier repas, il faut comprendre que la Cène du Seigneur est le signe du don total de Jésus à son Père en versant son sang pour le salut de l’humanité. Ce repas où le Pain et le Vin sont partagés anticipe l'offrande de Jésus sur la Croix. Entouré de ses disciples, Jésus est entrain de vivre et d’exprimer la preuve ultime de l’amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »
Le signe du Lavement des pieds, quant à lui, nous fait entrer dans le sens profond du sacrifice du Seigneur. Bien sûr que ce signe nous renvoie par l’eau qui est utilisée, au Baptême qui lave les fautes et au Pardon. Le sens de purification est bien clair dans ce geste, mais le signe du Lavement des pieds, par l’éclat du geste où le Maître s’agenouille devant ses disciples nous invite à une attitude sans laquelle personne ne peut se dire disciple. « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». C’est un geste plus parlant et presque obligatoire pour le disciple.
Ici, le disciple n’a pas le choix. Il doit risquer lui aussi sa vie en la donnant comme le Maître. Voilà le risque du signe du Lavement des pieds. C’est un signe, oui ; mais Je dirais que c’est un signe irremplaçable en ce sens qu’il traduit littéralement l’abaissement d’un Dieu amour. C’est pourquoi, quand Pierre dit « Tu ne me laveras pas les pieds. » Jésus lui répond : « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi. » Il y a donc, caché sous ce lavement quelque chose de nécessaire au salut, puisque sans lui, Pierre lui-même ne saurait prétendre avoir part au royaume de Jésus.
De notre part, en faisant le geste que nous avons choisi de se laisser laver les mains dont le signe est moins fort que celui du Lavement des pieds, nous entrons dans la même dynamique. Nous osons risquer d’avancer sur le chemin du don et du service à l’exemple de Celui qui s’est fait le Serviteur de toutes et de tous. La grâce invisible du signe du Lavement des pieds nous bouge et nous fait entrer dans le mouvement de l’Amour de Dieu qui se donne.
Il est curieux de constater que Jésus ne le fait pas avant le repas ou après le repas, mais au cours du repas, il se levé de table, quitte son vêtement et prend un linge qu’il se noue à la ceinture. C’est ne donc pas par hasard que Jésus fasse ces deux signes à une même occasion. L’institution de l’Eucharistie, c’est le don de sa vie et le lavement des pieds, c’est le service. Jésus veut nous faire comprendre qu’il n’y a pas d’Eglise sans service, il n’y a pas de vie sans don de soi. Cette célébration est un moment privilégié dans l’histoire de l’Eglise. En effet, c’est déjà la Résurrection qui est présente dans le dernier repas de Jésus. Jésus annonce que les disciples devront répéter les mêmes paroles et refaire les mêmes gestes pour le salut du monde. Dans ce dernier repas, c’est bien l’annonce de la naissance de l’Eglise qui est proclamée.
Si Jean ne nous donne pas de récit de l’institution de l’Eucharistie, à la différence des 3 autres évangélistes, il nous en donne pleinement la signification dans le geste du lavement des pieds. La mission de l’Eglise, c’est de servir l’Humanité. L’Église, en célébrant l’eucharistie, s’engage à poursuivre la mise en pratique de cet amour définitif de Dieu. Elle s’engage à se mettre elle aussi à genoux pour venir au service de l’humanité, elle s’engage à donner le signe de l’amour.
Cette célébration est aussi un moment privilégié pour chaque baptisé. Elle nous concerne tous comme membres de cette Eglise. Ce geste du serviteur est posé par le Christ non pas simplement comme une illustration de ce qu’il est, mais aussi comme une mission confiée à ses disciples. « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »                                  


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